Pathologie touchant les hommes jeunes, la maladie de Lapeyronie entraîne des séquelles sous la forme de déformation plus ou moins importantes de la verge, ce qui peut amener douleurs et altération de la qualité de vie. Une meilleure connaissance de la physiopathologie est nécessaire pour améliorer la prise en charge. Actuellement, de nouveaux traitements sont à l'étude, notamment la possibilité de régénérer le tissu malade ou la collagénase.
Le point maintenant.
Description de la maladie de Lapeyronie
Décrite pour la première fois en 1743 par François de Lapeyronie, chirurgien de Louis XV, la maladie de Lapeyronie est une pathologie de la verge. Cette maladie toucherait entre 3 et 9 % de la population masculine. Elle concerne l'homme entre 45 et 65 ans et sa fréquence augmente avec l'âge.
Affection bénigne, la maladie de Lapeyronie est caractérisée par une infiltration scléreuse des corps caverneux de la verge, ce qui provoque une déformation de la verge en érection.
La verge est constituée de deux corps caverneux qui se gorgent de sang lors de l'érection. Ces corps caverneux sont enveloppés par l'albuginée qui assure la rigidité lors des érections. Ainsi, la maladie de Lapeyronie entraîne la formation d'une plaque dure au niveau de l'albuginée d'un ou des deux corps caverneux, ce qui se manifeste par une déviation plus ou moins importante de la verge en érection.
Maladie de Lapeyronie : causes et symptômes
Aucune cause évidente n'a été établie. Pour autant, plusieurs hypothèses sont avancées. On a remarqué que, dans environ 37 % des cas, elle pourrait être due à des micro-traumatismes de la verge. Ils engendreraient une réaction auto-immune créant la fibrose de l'albuginée.
La maladie pourrait également venir d'une prédisposition génétique. Il a, par ailleurs, été établi qu'il existait des facteurs de risques tels que le diabète, le tabac, l'hypertension artérielle, la prise de bétabloquants ou la polyarthrite rhumatoïde.
Cette maladie évolue en deux phases :
- La première phase, inflammatoire aiguë, elle est le plus souvent douloureuse au repos. Il peut y avoir, ou non, apparition d'un nodule sur la verge avec une déformation de celle-ci, une fois en érection.
- La seconde phase, chronique, est caractérisée par une courbure stable. La douleur a le plus souvent disparu.
Cette pathologie rend les rapports sexuels très difficiles, voire impossibles.
Traitements et évolution de la maladie de Lapeyronie
L'examen clinique seul suffit généralement pour porter le diagnostic. Il peut être intéressant de prendre des photos de la verge en érection afin de permettre une évaluation de l'angulation. Aucun examen radiologique n'est donc nécessaire mais l'échographie ou l'IRM peuvent aider à documenter l'atteinte pour adapter au mieux le traitement.
Des traitements allopathiques assez peu efficaces
Il existe de nombreux traitements médicaux. Malheureusement, aucun n'a fait preuve de sa supériorité. On peut donc citer :
- la vitamine E ou tocophérol : traitement le plus ancien, bien toléré, disponible et peu cher ;
- l'acétyl L-carnitine et propionyl-L-carnitine ;
- la colchicine ;
- le tamoxifène ;
- le verapamil ;
- les interférons 2A ou 2B (immunosuppresseurs) ;
- les corticoïdes.
Certains traitements médicaux sont en cours d'évaluation tels que la collagénase, de même que des traitements physiques comme la iontophorèse transdermique ou la lithotripsie extracorporelle.
Approche naturopathique
Il existe des solutions naturopathiques pour combattre la maladie de Lapeyronie. On préconise de mettre en place un traitement à base de desmodium (sous forme de gélules ou de tisane) couplé à :
- Immuno-régul® à raison de 2 gélules 20 minutes avant chaque repas pendant une semaine, puis 3 gélules par jour pendant plusieurs mois (l'inconvénient de ce produit assez performant en cas de maladies auto-immunes est son coût) ;
- du silicium organique sous forme de gel (masser trois fois par jour, ça n'est malheureusement pas très moral) ;
- la Selongénine® (issue de la Securidaca longepedunculata, une plante africaine utilisée en médecine traditionnelle) à raison d'une gélule à la fin des repas ou sous forme de gel en alternance avec le silicium organique.
Ce traitement permet généralement d'améliorer grandement le quotidien des patients au bout de quelques mois.
Traitement chirurgical dans certains cas seulement
La chirurgie peut également être possible. Sa place dans le traitement de la maladie reste restreinte (moins de 10 % des patients). Son utilisation reste multifactorielle et complexe (selon les formes de la maladie, sa date de début, l'échec de traitements médicaux...). Il existe différentes techniques chirurgicales : la plastie caverneuse, la lacération de la plaque ou l'exérèse-greffe.
La chirurgie ne sera envisagée qu'après 1 ou 2 ans de traitement, lorsque la gêne est invalidante. En dernier recours, on pourra utiliser des implants péniens. Un traitement multimodal complet permet de stopper l'évolution de la maladie de Lapeyronie dans plus de 90 % des cas. Une prise en charge psychologique est bénéfique.
Bon à savoir : cette maladie a une évolution particulière puisque dans 20 % des cas, elle va disparaître spontanément. Elle évolue le plus souvent sur 12 à 18 mois.